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aux gardes du roi qui étaient aux portes de la ville ; et l’air d’embarras qu’il eut aux questions qu’on lui fit le rendit encore plus suspect. Dans l’agitation où il était, il laissa voir le berceau qu’il portait caché sous son manteau. Il se trouvait par hasard, au nombre des gardes, un des hommes qu’Amulius avait chargés d’exposer les enfants, et qui n’eut pas plutôt vu le berceau, qu’il le reconnut à sa forme et aux caractères qui y étaient gravés. Il se douta d’abord du fait ; et croyant ne devoir pas négliger une pareille découverte, il alla sur-le-champ trouver le roi, et lui mena Faustulus, afin qu’il tirât de lui la vérité. Dans une conjoncture si critique, Faustulus, sans céder entièrement à la crainte, ne conserva pas toute sa fermeté ; il avoua que les enfants vivaient ; mais il dit qu’ils étaient loin d’Albe à paître des troupeaux ; que pour lui, il portait ce berceau à Ilia, qui lui avait souvent témoigné le désir de le voir et de le toucher, pour se fortifier dans la confiance où elle était que ses enfants vivaient encore.

IX. Amulius, par une imprudence ordinaire aux personnes troublées et qui se laissent emporter à la colère ou à la crainte, envoya précipitamment à Numitor un homme de bien et ami de ce prince, pour lui demander s’il n’avait