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LIVRE TROISIÈME.


celle de l’air. Si l’on croit que, pour constituer un genre, il suffise à la matière d’être ce qui est commun à toutes les choses dans lesquelles elle existe, ou bien d’être à l’égard des matières particulières dans le rapport du tout aux parties, on prend le terme de genre dans un autre sens que celui qu’il a ordinairement : ce sera alors un élément unique, en admettant qu’un élément puisse être un genre. Si l’on y ajoute la forme, de telle sorte qu’elle soit conçue comme unie à la matière ou étant en elle, la matière sera par là séparée des autres formes, mais elle ne comprendra pas toute forme substantielle. Si nous appelons forme le principe générateur de la substance, et raison substantielle la raison qui constitue la forme, nous n’aurons pas encore clairement déterminé ce qu’est l’essence ou la substance (οὐσία (ousia)). Enfin, si l’on ne donne le nom de substance qu’au composé de la matière et de la forme, il en résultera que ces deux choses [la matière et la forme prises séparément] ne seront pas elles-mêmes des substances. Si l’on admet qu’elles en sont aussi bien que le composé, il faut alors examiner ce qu’il y a de commun entre les trois [la matière, la forme et le composé].

Quant aux choses qui sont simplement affirmées comme attributs, elles doivent être placées dans le genre de la relation, comme étant des principes ou des éléments. Parmi les accidents des choses, les uns sont contenus en elles, comme la quantité et la qualité ; les autres contiennent les choses, comme le lieu et le temps ; puis, il y a les actions et les passions, comme les mouvements ; puis les conséquences, comme être dans le lieu et être dans le temps : être dans le lieu est la conséquence du composé, et être dans le temps est la conséquence du mouvement.

Nous trouvons que les trois premières choses [la matière, la forme et le composé] concourent à former un seul genre, que nous appelons ici-bas par homonymie essence ou substance (οὐσία (ousia)), genre qui leur est commun et dont le