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s’emploie dans le bain ; on prend deux parties de miel pour une d’alun. Il dissipe la mauvaise odeur et les sueurs des aisselles. On le prend en pilules pour guérir les affections de la rate et pour expulser le sang par l’urine. Incorporé au nitre et à la nielle (XX, 71), il guérit la gale. 4 Il est une espèce d’alun concret que les Grecs nomment schistos : il se divise en filaments blanchâtres ; aussi quelques-uns lui ont-ils donné, de préférence, le nom de trichitis. On le tire de la pierre qui fournit le cuivre174, et nommée chalcitis (XXXIV, 2) ; et c’en est une sorte d’exsudation coagulée en écume. Ce genre d’alun est moins siccatif, et il arrête moins175 les humeurs nuisibles au corps. Mais en infusion, ou en application, il est très-utile pour les affections des oreilles. Si on le tient dans la bouche en l’humectant de salive, il est bon pour les ulcérations de cette partie, et pour les maux de dents. On l’incorpore utilement dans les médicaments destinés aux yeux, et aux parties génitales des deux sexes. 5 On le fait cuire dans des plats jusqu’à ce qu’il cesse d’être liquide. Il est un autre alun actif176 ; on le nomme strongyle. Il en est de deux espèces : le fongueux, qui se dissout facilement dans tout liquide, et dont on ne fait aucun cas, et le poreux, qui vaut mieux. Celui-ci est percé de trous comme une éponge, de forme globuleuse, et approchant de l’alun blanc. Il a quelque chose de gras ; il est sans gravier, friable, et ne noircissant pas les doigts. On le calcine seul sur des charbons, jusqu’à incinération complète. 6 Le plus actif de tous les aluns est celui qu’on appelle mélinum, à cause de l’île de Mélos, comme nous venons de dire. Aucun n’a plus de force pour resserrer, noircir et durcir ; aucun n’est plus compact. Il ôte les granulations des yeux. Calciné, il vaut mieux pour les fluxions oculaires ; c’est de cette façon aussi qu’on l’emploie pour les affections prurigineuses. C’est un hémostatique, à l’intérieur177 et à l’extérieur. Avec du vinaigre, en topique sur une partie qu’on a épilée, il change en un duvet doux le poil qui y renaît178. La qualité générale des aluns est d’être astringents, d’où le nom qu’ils portent en grec ; c’est pourquoi ils sont très-bons pour les affections des yeux. 7 Avec de la graisse, l’alun arrête les écoulements de sang ; c’est ainsi qu’on l’emploie pour les ulcérations des enfants : de la même façon il réprime les ulcères putrides, et dessèche les éruptions chez les hydropiques. Avec le suc de grenade, il guérit les affections des oreilles, les aspérités des ongles, les duretés des cicatrices, les ptérygions, les engelures ; avec le vinaigre ou avec la noix de galle, à dose égale et calcinée, les ulcères phagédéniques ; avec le suc de chou, les lèpres ; avec deux parties de sel, les affections serpigineuses ; avec l’eau, les lentes et les autres animaux parasites des cheveux. 8 Avec l’eau aussi, il est bon pour les brûlures ; avec la partie séreuse de la poix, pour les éruptions furfuracées. On le donne en lavement dans la dyssenterie ; en gargarisme, il réprime la luette et les amygdales. Dans toutes le maladies pour lesquelles nous avons indiqué les autres espèces d’alun, on regarde comme plus efficace celui qui est apporté de Mélos. Nous venons de dire quelle est l’importance de cette substance pour ses applications à l’industrie, pour la préparation du cuir et des laines.

LIII

1 À la suite nous allons traiter isolément de toutes les espèces de terres qu’on emploie en mé-