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SCENE V (Eschine, Sannion, Ctésiphon, Syrus)

AE. Où est-il ce coquin ?

SA. (à part) C’est moi qu’il cherche. Apporte-t-il quelque chose ? Je suis mort ! je ne vois rien.

AE. (à Ctésiphon) Ah ! vous voilà fort à propos, je vous cherchais. Eh bien, Ctésiphon, tout va bien. Allons, plus de tristesse.

CT. De la tristesse, quand j’ai un frère tel que vous ? Il n’en est pas question, ma foi. O mon cher Eschine, (270) mon véritable frère ! je n’ose vous louer en face plus longtemps, pour ne pas vous faire croire que j’agis par flatterie plutôt que par un sentiment de reconnaissance.

AE. Allons donc, quelle sottise ! Comme si nous ne nous connaissions que d’aujourd’hui, Ctésiphon ! Ce qui me fâche, c’est qu’il s’en est peu fallu que nous ne fussions prévenus trop tard, et dans un moment où, avec la meilleure volonté du monde, personne n’aurait pu vous tirer d’affaire.

CT. (275) La honte m’empêchait.

AE. Dites donc la sottise, et non la honte. Comment ! pour une pareille misère, être sur le point de quitter…Fi donc ! Grâce aux dieux, j’espère que cela n’arrivera jamais.

CT. J’ai eu tort.

AE. (à Syrus) Eh bien, à quoi Sannion s’est-il enfin résolu ?

SY. Il s’est apprivoisé.

AE. Je vais jusqu’à la place, pour en finir avec lui ; vous, Ctésiphon, entrez auprès d’elle.

SA. (bas à Syrus) Syrus, presse-le.

SY. (à Eschine) Dépêchons, car il a hâte de partir pour Chypre.

SA. (280) Moi ? point du tout ; j’attendrai ici tant qu’on voudra.

SY. On te payera ; ne crains rien

SA. Mais la somme tout entière.

SY. Tout entière ; tais-toi seulement, et suis-nous.

SA. Je vous suis.

CT. Ohé, ohé, Syrus !

SY. Eh bien, qu’est-ce ?

CT. Je vous en conjure, expédiez-moi ce drôle au plus vite ; ne le poussez pas à bout ; car si jamais mon père avait vent de tout ceci, je serais perdu sans ressource.

SY. (285) Il n’en sera rien, soyez tranquille. Allez un peu vous amuser avec elle en attendant ; faites-nous mettre le couvert, et ayez soin que tout soit prêt. Moi, sitôt l’affaire conclue, je ramène ici les provisions.

CT. Oui, certes, puisque tout nous a si bien réussi, il faut passer joyeusement notre journée.


ACTE TROISIEME

SCENE I (Sostrate, Canthare)

SO. De grâce, chère nourrice, comment cela se passera-t-il ?

CA. Comment cela se passera ? (290) Mais fort bien, j’espère.

SO. Les premières douleurs ne font que commencer.

CA. Et vous vous effrayez déjà, comme si vous n’aviez jamais vu d’accouchement, et que vous ne fussiez jamais accouchée vous-même.

SO. Je suis bien malheureuse ! je n’ai personne ici ; nous sommes seules encore. Géta est sorti, et je ne puis envoyer chercher la sage-femme, ni prévenir Eschine.