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il gouverne encore avec sagesse ; mais à mesure que le temps s’écoule, et que l’oubli survient, l’ancien état de désordre reparaît et domine, et à la fin le bien qu’il produit est de si peu de prix, et la quantité de mal qu’il y mêle est si grande, que lui-même, avec tout ce qu’il renferme, est en danger de périr. C’est alors que le dieu qui a ordonné le monde, le voyant dans ce péril, et ne voulant pas qu’il succombe à la confusion, et aille se perdre et se dissoudre dans l’abîme de la dissemblance, c’est alors que le dieu s’assied de nouveau au gouvernail, répare ce qui a souffert et s’est altéré dans l’univers, en rétablissant l’ancien mouvement auquel il préside, le protège contre la vieillesse et le rend immortel. Voilà tout ce qu’on raconte. Mais cela suffit pour la définition du roi, si l’on se reporte à ce qui précède. Car le monde étant rentré dans le chemin de la génération actuelle, l’âge s’arrêta de nouveau, et l’on vit reparaître la marche contraire. Ceux des animaux qui, par leur petitesse, étaient presque réduits à rien, se mirent à croître ; ceux qui venaient de sortir de terre blanchirent tout à coup, moururent et revinrent à la terre. Tout le reste changea de même, imitant et suivant toutes les modifications de l’univers. La conception, la génération, la nutrition s’accommodèrent nécessairement à la révolution générale. Il n’était plus possible qu’un animal se formât dans la terre par la combinaison d’éléments divers : comme il avait été ordonné au monde de modérer lui-même son mouvement, ainsi il fut ordonné à ses parties de se reproduire elles-mêmes