l’enfance, il était naturel que ceux qui étaient morts et couchés dans la terre se relevassent et vécussent de nouveau, pour suivre le mouvement qui ramenait la génération en sens contraire ; de sorte qu’ils étaient nécessairement fils de la terre, conformément à leur nom et à la tradition, ceux-là du moins que les dieux ne réservèrent pas à une destinée plus haute.
LE JEUNE
Cela, en effet, s’accorde parfaitement avec ce qui précède. Mais ce genre de vie que tu rapportes du règne de Saturne appartient-il aux autres révolutions du ciel, ou aux révolutions actuelles ? Car pour le changement des astres et du soleil, il est évident qu’il a dû s’accomplir à l’une et l’autre époque.
Tu as bien suivi mon raisonnement. Quant au temps dont tu parles, où toutes choses naissaient d’elles-mêmes pour les hommes, il n’appartient pas à l’état actuel de l’univers ; il appartient, lui aussi, à l’état qui a précédé. Alors, Dieu, veillant sur l’univers entier, présidait à son premier mouvement. Comme, aujourd’hui, les différentes parties du monde étaient divisées par régions entre les dieux qui y présidaient. Les animaux, partagés en genres et en troupeaux, étaient sous la conduite de démons, qui, comme des pasteurs divins, savaient pourvoir à tous les besoins du troupeau confié à leur garde ; de sorte qu’on ne voyait pas de bêtes féroces, que les animaux ne s’entre-dévoraient pas, et qu’il n’y avait ni guerre ni rixe d’aucune sorte.