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cercle contraire au premier, car il est vivant, et il a reçu l’intelligence de celui qui, dès le commencement, l’ordonna avec harmonie. Quant à la cause de cette marche rétrograde, elle est nécessaire, innée en lui, et la voici.

LE JEUNE

SOCRATE

Voyons.

L’ÉTRANGER

Être toujours de la même manière, également, et le même être, c’est le privilège des dieux par excellence. La nature du corps n’est pas de cet ordre. Or, l’être que nous nommons le ciel et le monde a reçu de son principe une foule de qualités admirables, mais il participe en même temps de la nature du corps. De là vient qu’il lui est absolument impossible d’échapper à toute espèce de changement, mais qu’il se meut autant que possible dans le même lieu, dans la même direction, et d’un seul mouvement. Voilà comment le mouvement circulaire se trouve être le sien, étant celui qui s’éloigne le moins du mouvement de ce qui se meut soi-même. Se donner le mouvement de toute éternité, c’est ce qui ne peut guère appartenir qu’à celui qui mène tout ce qui se meut ; et cet être-là ne saurait mouvoir tantôt d’une façon, tantôt d’une façon contraire. Tout cela prouve qu’il n’est permis de dire ni que le monde se donne à lui-même le mouvement de toute éternité, ni qu’il reçoit de la divinité deux impulsions et deux impulsions contraires, ni qu’il est mis tour à tour en mouvement par deux divinités de sentiments opposés. Mais, comme nous