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ni relations entre elles, ils les désignent par le seul nom de barbares, s’imaginant, parce qu’ils les désignent par un terme unique, qu’elles forment une race unique. Ou comme un homme qui croirait diviser le nombre en deux espèces, en mettant à part dix mille et le considérant comme une espèce, et en donnant à tout le reste un seul nom, persuadé, à cause de cette appellation unique, qu’il a bien une seconde espèce, différente de la précédente, unique aussi. Combien ne diviserait-on pas avec plus de sagesse, et plus véritablement par espèces et par moitiés, si l’on partageait le nombre en pair et impair, la race humaine en mâle et en femelle, attendant, pour distinguer les Lydiens, les Phrygiens, ou tel autre peuple, et les opposer à tous les autres, de se trouver dans l’impossibilité de diviser tout à la fois par espèces et par parties !

LE JEUNE

SOCRATE

Parfaitement. Mais cela même, ô Étranger ! que tu appelles la partie et l’espèce, comment reconnaître que ce n’est pas une même chose, mais deux choses différentes ?

L’ÉTRANGER

Homme excellent ! Sais-tu bien que ce n’est pas peu de chose ce que tu demandes là, Socrate ? Nous ne nous sommes déjà que trop égarés loin du but que nous poursuivons ; et tu veux que nous nous égarions davantage encore. Non, revenons, comme il convient, sur nos pas. Une autre fois, quand nous en aurons le loisir, nous suivrons ces traces jusqu’au bout ; mais prends bien garde de croire, Socrate,