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LETTRE III

Syracuse suffira à sa défense. L’écrivain résume à grands traits les événements tels que nous les fait connaître la 7e lettre ; il les raconte et parfois presque dans les mêmes termes, en ayant soin de faire ressortir la tâche de conciliateur qu’il s’était imposée. Comme dans la 7e lettre, il insiste sur son désintéressement total, sur les difficultés qui n’ont cessé d’entraver son œuvre, sur la défiance progressive du tyran à son égard, et cela pour bien montrer qu’il est invraisemblable qu’il ait pu seulement penser à s’entremettre dans la politique.

2o Quant au reproche qu’on lui fait aujourd’hui de s’être mis en travers de projets concernant la transformation du pouvoir tyrannique ou le relèvement des villes grecques, Platon se contente, pour se disculper, de rappeler une de ses dernières conversations avec le tyran, vingt jours avant son départ. Cette conversation eut des témoins, Archédèmos et Aristocritos. Ce jour-là précisément, Denys lui faisait un grief du conseil relatif à la restauration des cités helléniques qu’il nie maintenant avoir reçu. L’écrivain retrace de façon très dramatique le dialogue qui décida de la rupture. Oui, Platon avait engagé le tyran à relever les villes grecques, mais il avait posé d’abord la condition préalable : une sérieuse formation scientifique chez son disciple. Cela suffit à provoquer le rire insultant de Denys. Et l’épistolier ajoute : « par suite, ce qui pour toi était alors dérision, maintenant de rêve est devenu réalité ». Phrase obscure qu’il faudrait peut-être interpréter ainsi : grâce à cette formation scientifique, jadis objet de raillerie pour toi, Dion devient aujourd’hui capable de réaliser ce que tu as été toi-même incapable de faire, c’est-à-dire de rétablir les cités dévastées par les barbares. Platon, dans ce texte, laisserait entrevoir la revanche qui approche et ferait une allusion discrète aux premiers succès des partisans de la liberté.


L’auteur.

La 3e lettre est une de celles qui trouvent plus facilement grâce aux yeux des critiques. Ritter, en particulier, soutient fermement son authenticité et lui accorde le même crédit qu’à la 7e (en exceptant le passage philosophique) et à la 8e. Cependant, à l’examiner de près, on ne saurait partager cette confiance. Pour une lettre privée, elle manque vraiment trop de spon-