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LETTRE VII

teuse et sacrilège, je ne la cache pas, mais je ne veux pas non plus la raconter (tant de gens se sont chargés de la chanter partout et s’en chargeront encore à l’avenir !). Je ne passerai cependant pas sous silence l’opinion qui court au sujet d’Athènes : ces deux misérables auraient attaché une marque d’infamie à notre ville. Or, j’affirme qu’il était aussi Athénien celui qui n’a jamais trahi Dion, alors qu’il lui eût été facile, à ce prix, de se procurer richesses et tant d’autres honneurs. Ce n’est pas, en effet, une amitié vulgaire qui les unissait, mais une commune éducation libérale : à elle seule doit se fier l’homme sensé, bien plus qu’à des affinités d’âme et de corps. Aussi aucun opprobre ne peut survenir à notre ville du fait des meurtriers de Dion, comme s’ils avaient jamais été des hommes qui comptent[1]. »

Par ce crime, Callippe obtenait la dictature. Il était maître de Syracuse et put, durant treize mois, suivant Diodore, gouverner la cité[2]. Les amis de Dion ne voulurent pas laisser l’aventurier profiter ainsi d’un triomphe si indignement acquis. Ils excitèrent contre lui une sédition, mais battus, ils durent se réfugier à Leontinoi. Les rêves politiques de Dion paraissaient anéantis et la tyrannie allait revivre. Telles sont les circonstances que suppose la 7e lettre. Callippe est au pouvoir et les partisans de Dion préparent en exil une revanche. Le crime avait été commis en 354 ou 353. Platon était alors âgé de 73 ou 74 ans.


Analyse de la lettre.

L’auteur de la lettre s’adresse aux parents et amis de Dion. Il répond aux désirs qu’ont exprimés ces derniers de voir Platon collaborer à leurs projets de restauration. Je ne demande pas mieux que de vous apporter mon aide, écrit Platon, mais pourvu que vos desseins soient conformes à ceux de Dion, vos désirs semblables aux siens. Or, j’ai été bien placé pour connaître les plans du chef disparu. Pour vous en faciliter l’intelligence, je vous les exposerai et vous en expliquerai la genèse (323 e-324 b).

Platon est d’autant mieux à même de révéler les plans de Dion que, pour une très grande part, il en fut l’auteur et

  1. 334 b, c.
  2. Diodore, XVI, 31.