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LETTRE VII

tous les moyens les sages réformes de Dion, jusqu’au jour où, lassé des cabales de cet homme agité, le nouveau chef de la Sicile ne retint plus la main de ceux qui voulaient débarrasser le pays d’un intrigant. Héraclide fut mis à mort. La paix néanmoins ne se rétablissait pas, et, cette fois, c’était un Athénien qui allait susciter les troubles dont Dion ne tarderait pas à être la victime. Durant son séjour à Athènes, l’exilé sicilien avait été l’hôte de Callippe[1]. Une certaine liaison s’était établie entre les deux hommes, mais une liaison assez superficielle et dont l’origine n’était pas la philosophie, comme dit la 7e lettre, dont Plutarque reprend à peu près les termes ; c’était plutôt « une de ces camaraderies courantes, comme elles se forment la plupart du temps, issue de rapports d’hospitalité ou de relations entre initiés aux divers mystères[2] ». Callippe et son frère Philostrate[3] suivirent Dion lors de son retour en Sicile et se firent ses partisans. Callippe surtout, d’après Plutarque, s’était signalé par son ardeur à travailler à la délivrance de la Sicile ; il s’était mis sous l’autorité du grand organisateur de l’expédition, « l’avait accompagné en cette guerre, estant bien honoré de lui, et avoit entré quand et lui en la ville le premier de tous ses amis couronné d’un chappeau de fleurs, et s’estoit bien fait voir et cognoistre en toutes les rencontres et combats qui s’estoient faits[4] ». Était-ce ambition nationaliste de pouvoir un jour mettre Syracuse sous la domination d’Athènes ? Était-ce ambition de régner ? En tout cas, ses intentions n’étaient pas pures et les faits ne tardèrent pas à le montrer. Peu après la mort d’Héraclide, voyant que les meilleurs amis de Dion avaient disparu dans cette guerre, que ses rivaux n’existaient plus ou n’étaient guère à craindre, Callippe sema la division autour du vainqueur, mais hypocritement. Il feignait l’ami-

  1. Cornélius Népos, Dion, 8, l’appelle Callicratès. Mais Plutarque et Diodore de Sicile le nomment Callippe. Karsten fait remarquer que Cornélius Népos se trompe souvent sur les noms.
  2. 333 e.
  3. Cornélius Népos, Dion, 9, parle de Philostrate, frère de Callippe, comme d’un complice du meurtrier de Dion. — La 7e lettre fait mention également de deux frères. Plutarque ne signale que Callippe qui joue du reste le premier rôle dans le drame.
  4. Plutarque, Dion, c. 54.