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LETTRE VIII




352 b 1 Platon aux parents et amis de Dion :
Bon succès


But de la lettre.

Quels doivent être vos sentiments pour que vous puissiez vivre vraiment d’une vie de bien et de bonheur, je vais faire mon possible pour vous l’expliquer. Et j’espère apporter des conseils salutaires, pas uniquement à vous, à vous sans doute en tout premier lieu, mais en second lieu aussi à tous c les Syracusains, et enfin en troisième lieu à vos adversaires et à vos ennemis, en exceptant toutefois quiconque s’est conduit criminellement, car il n’y a pas de remède pour ces actions et nul ne pourrait jamais s’en purifier[1]. Prêtez donc attention à ce que je vais vous dire.


État actuel de la Sicile.

Il y a chez vous, dans toute la Sicile, depuis la chute de la tyrannie, des dissensions sans fin à ce sujet : les uns cherchent à récupérer le pouvoir ; les autres veulent rendre définitive la suppression de la tyrannie. Or, le seul conseil qui en de telles circonstances paraisse toujours juste à la foule, d est celui de faire le plus de mal possible à ses ennemis et le plus de bien à ses amis. Mais il n'est pas facile du tout de faire aux autres beaucoup de mal sans en subir en revanche soi-même beaucoup. Et il ne faut pas aller très loin pour le voir clairement. Il suffit de regarder ce qui se passe ici même en Sicile où les uns tentent d’agir, où les autres se défendent contre les entreprises des premiers. Que si vous en faisiez encore à d’autres le récit, e vous leur donneriez toujours de profitables leçons. De ces exemples, certes, il n’y a pas pénurie, mais quelles mesures seraient utiles à tous, ennemis

  1. Allusion au meurtrier de Dion, Callippe.