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NOTICE GÉNÉRALE

linguistiques, admet l’authenticité de III, VII (au moins substantiellement) et VIII. Du moins, affirme-t-il prudemment, si ces épîtres ne sont pas de Platon lui-même, leur auteur les a composées d’après des notes du philosophe. Longtemps U. von Wilamowitz-Moellendorff avait paru sceptique et ne faisait d’exception que pour la 6e lettre, contre laquelle il avouait n’avoir pas d’objection sérieuse. Quant à la 7e et à la 8e, il les rejetait résolument, pour cette raison qu’il n’est pas dans les habitudes de Platon de s’exposer ainsi en public. Mais il fait amende honorable dans son grand ouvrage sur Platon (II², p. 281) et se déclare désormais en faveur de VI, VII et VIII. Telle est aussi l’opinion récente de Howald[1].

En Angleterre, la collection entière a été jugée apocryphe par H. Richards. Dans ses Platonica (1911), il avoue que si l’on tient compte uniquement de la pureté du grec et du caractère très platonicien de la correspondance dans son ensemble, il n’y a aucune raison de douter. Mais le contenu nous empêche de donner notre assentiment. Reprenant les arguments de Karsten qu’il ne se donne guère la peine de rajeunir, il fait ressortir les contradictions, les méprises historiques et même les inepties doctrinales qu’il croit discerner dans ces Lettres.

Par contre, le dernier historien de la philosophie grecque, John Burnet, affirme que si les Lettres sont des faux, elles sont du moins l’oeuvre d’un écrivain sobre et bien informé, et son emploi du dialecte attique prouve qu’il a été le contemporain de Platon. Il eût été impossible de trouver, cinquante ans plus tard, quelqu’un qui fût capable de manier cette langue comme il l’a fait. Même les plus anciens des dialogues apocryphes, ceux qui ont eu le plus de succès, se trahissent à tout endroit sous ce rapport. On peut ajouter que le faussaire présumé dut être un homme d’une habileté littéraire incomparable, sinon il n’aurait pu reproduire tant de particularités insignifiantes qui caractérisent le style de Platon, à l’époque précise de sa vie où les Lettres sont censées écrites, en y mêlant les nuances que réclame le genre épistolaire. Aussi, ajoute-t-il, « je crois que toutes les Lettres de quelque

  1. Die Briefe Platons, Zürich, 1923.