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NOTICE GÉNÉRALE

ive siècle, l’empereur Julien rappelle que, de l’aveu même du philosophe grec, il n’y eut jamais d’ouvrage composé par Platon, mais que tous les écrits regardés comme tels ont Socrate pour auteur[1], idée que nous trouvons développée dans cette même seconde lettre.

En un mot, jusqu’au ve siècle, la question d’origine n’est pas posée au sujet d’une correspondance qui depuis longtemps fait partie du corpus platonicum, fixé au moins depuis Thrasylle.

Faut-il faire remonter à Proclus les premiers doutes ? Les Prolégomènes de la philosophie de Platon (ch. 26), œuvre d’Olympiodore, contiennent une phrase assez curieuse : « Ainsi, affirme le néo-platonicien, tous [les écrits de Platon] sont au nombre de trente-six. Parmi eux, le divin Proclus regarde comme apocryphe (νοθεύει) l’Épinomis pour les raisons déjà données ; il rejette aussi (ἐκβάλλει δὲ καὶ) la République à cause de ses discours nombreux et non dialogués, ainsi que les Lois, pour le même motif, — et il rejette encore les Lettres, parce que le style est tout uni [sans doute parce qu’il est trop simple et manque d’ornements], en sorte qu’il laisse subsister trente-deux dialogues en tout. »

Le mouvement du passage tend bien à établir une parité entre l’Épinomis, la République, les Lois et les Lettres, et je crois que, pour Olympiodore, νοθεύει et ἐκβάλλει étaient vraiment synonymes. Mais l’étaient-ils pour Proclus ? car il est fort probable que l’auteur des Prolégomènes emprunte les termes au philosophe néo-platonicien[2]. La déclaration d’Olympiodore n’est pas ici très cohérente avec celle du chapitre précédent, où l’exclusion de l’Épinomis par Proclus suppose l’authenticité des Lois repoussée au chapitre 26, au même titre que la République et les Lettres. Mais, du reste, Proclus cite certaines lettres et les attribue à Platon : telles, par exemple, la 2e (313 e dans In Tim., 108 c et 119 f) ; la 7e (328 c in Tim., 19 e ; 342 et suiv., in Tim., 92 e…). Évi-

  1. Orat. VI, 189 b (2e l., 314 c).
  2. On retrouve ces termes dans une Vie de Proclus, anonyme. Texte cité par Thiersch, Ann. de Vienne, vol. III, p. 69. Cf. Chaignet, La Vie et les Écrits de Platon, p. 109.