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LETTRE IV




Platon à Dion de Syracuse : Bon succès


320 a 1Je pense que ma bonne volonté n’a cessé d’être manifeste dans toute cette affaire[1], ainsi que mon zèle à la conduire à terme, sans autre motif plus pressant que mon ardeur pour tout ce qui est beau. b J’estime juste, en effet, que les hommes véritablement vertueux et qui agissent comme tels, acquièrent l’honneur qu’ils méritent. Pour l’instant donc, grâce à Dieu, cela va bien, mais dans l’avenir, la lutte sera chaude. La supériorité du courage, de l’agilité, de la force corporelle, peut être l’apanage de beaucoup de gens, mais celle de la vérité, de la justice, de la générosité et de la distinction inséparable de toutes ces vertus, c on avouera qu’elle a chance d’appartenir à ceux qui font profession de les honorer. Ce que je dis est l’évidence, mais il n’en faut pas moins nous rappeler à nous-mêmes, qu’ils doivent — ceux que tu sais — se distinguer des autres hommes bien plus encore que des enfants[2]. Il nous est donc nécessaire de montrer que nous sommes vraiment tels que nous prétendons, d’autant qu’avec le secours de Dieu, ce sera facile. Les autres ont besoin d’errer de d pays en pays pour être connus, mais toi, te voilà présentement dans une telle situation que toute la terre, si je puis dire ainsi sans trop d’outrance, a les yeux

  1. Il s’agit évidemment de l’aide morale que Platon n’a cessé d’accorder à Dion en favorisant, par ses conseils et ses enseignements, les plans de réforme concernant la Sicile.
  2. Ceux qui doivent se distinguer des autres hommes bien plus que les hommes se distinguent des enfants, ce sont évidemment les membres de l’Académie qui, sous la conduite de Platon, se forment à la vertu et à la science. L’expression ὅτι προσήκει πλέον ἢ παίδων