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LETTRE III

j’attendais de m’embarquer ne devînt difficile et qu’il n’y eût plus le champ libre pour moi. — Mais voici où je veux en venir avec tous ces récits : ne me calomnie plus en prétendant que je t’ai empêché de rétablir les villes grecques détruites par les barbares et d d’alléger le poids que portaient les Syracusains par la transformation de la tyrannie en royauté. Tu ne saurais forger contre moi d’accusation plus mal choisie, et je pourrais en outre te réfuter par des arguments plus clairs encore, s’il y avait un tribunal compétent, et montrer que les conseils venaient de moi, le refus de toi. Et pourtant il ne serait pas difficile de mettre en évidence que les suivre eût été le mieux et pour toi, et pour les Syracusains, et pour tous les Siciliens. Mais, mon e cher, si tu nies avoir prononcé les paroles que tu as dites, j’obtiens satisfaction ; si tu avoues, si, convaincu que Stésichore était sage, tu te résous à imiter sa palinodie, passe du mensonge à la vérité[1].


  1. D’après une légende rapportée par Platon (Phèdre, 243 a), le poète lyrique Stésichore (640-550), qui avait blâmé dans ses poèmes la conduite d’Hélène, aurait été rendu aveugle par les dieux. Mais après avoir chanté la palinodie, il recouvra la vue.