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LETTRE III

reux par ta faute, et aussi bon que toi, pour ne rien dire de plus, et si prenant ton parti à toi, l’injuste, ej’eusse obéi à tous tes ordres, pour l’amour de l’argent sans doute : on n’aurait point expliqué autrement ma volte-face, au cas où j’eusse ainsi changé. Tels sont les faits qui, grâce à toi, ont créé entre nous cette « amitié de loups[1] » et cette désunion.


Réponse à une deuxième acussation.

De propos en propos, j’en arrive sans interruption au second point sur lequel je dois, disais-je, me défendre. 319 Écoute donc et vois attentivement si je parais te tromper et m’écarter de la vérité. J’affirme que dans le jardin, en présence d’Archédèmos et d’Aristocritos, vingt jours environ avant mon départ de Syracuse, tu m’as reproché, comme tu continues de le faire aujourd’hui, d’avoir plus à cœur les intérêts d’Héraclide et de tout autre que les tiens. Devant eux, tu me demandas si je me souvenais de t’avoir conseillé dès les premiers jours de mon arrivée de b relever les villes grecques. Je reconnus m’en souvenir et regarder encore cela comme le parti le meilleur. Il faut l’avouer, Denys, et aussi ce qui fut ajouté, car je te demandai à mon tour si je t’avais donné ce conseil ou quelque autre en plus. Alors tu me répondis plein de fureur et croyant m’outrager (par suite, ce qui alors pour toi était insulte, maintenant, de rêve est devenu réalité)[2] tu me dis donc avec un rire forcé, si j’ai bon souvenir : « Tu me pressais de m’instruire c avant de faire tout cela, ou sinon, de m’abstenir. » Je répliquai que ta mémoire était excellente. — Et toi de continuer : « M’instruire en géométrie ou comment ? » — Je retins à ce moment ce qui me venait sur les lèvres, de peur que, pour un petit mot, la permission que

    et dans le passage de la Lettre VII (348 e) qui raconte avec beaucoup plus de détails l’aventure d’Héraclide.

  1. « Vocabulum λυκοφιλία flosculus est e Menandro fortasse additus, cuius uersiculum notauit Aelius Dionysius, teste Eustathio : παρὰ Αἰλίῳ Διονυσίῳ κεῖται τὸ λυκοφιλίως, ἀντὶ τοῦ ὑπόπτως, ὑπούλως, ὃς φέρει καὶ Μενάνδρου χρῆσιν (l. ῥῆσιν) ταύτην· « λυκοφίλιοι μέν εἰσιν αἱ διαλλαγαί. » (Uide Meinekii Comic. fragm. uol. IV, p. 279) », Karsten, op. cit., p. 96. — Mais ne pourrait-on voir aussi dans ce terme une allusion à la République VIII, 566 a.
  2. Voir l’explication de ce texte dans la notice particulière, p. lxxxiii.

(Il manque la référence 318 e ; je la rajoute.)