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NOTICES

fut le père de Nélée, le disciple d’Aristote et de Théophraste, qui devint l’héritier de la bibliothèque et des œuvres du Stagirite. C’est à Skepsis, comme on le sait, que séjourna longtemps, inconnue et cachée, la précieuse collection. Plus tard, les descendants de Nélée la vendirent à Apellicon de Téos.

Le règne d’Hermias se place aux environs de 351. Platon avait alors 78 ans. C’est l’époque où, rentré chez lui après les échecs de Sicile, il dirige son école et compose ses derniers ouvrages. Cette lettre, à supposer son authenticité, serait une des dernières qu’il a écrites.


Le thème

Hermias possède la puissance ; Érastos et Coriscos, la sagesse. Il faut joindre les deux en créant des liens d’intime et ferme amitié entre le chef d’État et le philosophe. Le chef d’État, grâce à son influence et à son autorité politique, protégera l’inexpérience pratique de ses voisins. Érastos et Coriscos, à leur tour, apporteront à Hermias, bien mieux que la richesse et la force, l’affection et le dévouement. Platon ne sera pas seulement l’instigateur, mais aussi l’arbitre de cette κοινωνία, et si jamais quelque nuage venait troubler la sérénité de cette fraternelle entente, c’est à lui qu’on exposera les griefs. Sa réponse rétablira sans aucun doute la confiance entre gens sages et droits. Cette lettre d’exhortation sera lue par les trois amis, qui la regarderont comme la charte sacrée de leur association, charte sur laquelle ils prononceront le serment de fidélité en prenant à témoin « le dieu chef de toute chose présente et future et le père tout-puissant du chef et de la cause ».


L’authenticité.

La 6e lettre a joui ces derniers temps d’un regain de faveur, et des critiques, comme Wilamowitz et Howald, qui rejettent la plupart des pièces de la collection, accordent à celle-ci la même confiance qu’à la 7e et à la 8e lettre. Apelt soutient que son authenticité peut être difficilement combattue.

Nous avouerons pourtant que trop d’éléments suspects nous empêchent de partager cet optimisme. Plusieurs interprètes ont déjà signalé une contradiction entre le récit de Strabon et une affirmation de la Lettre. D’après le géographe, Hermias, avant de conquérir le pouvoir, aurait suivi à Athènes des leçons de Platon et d’Aristote (III, 57). Comment concilier