Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome VII, 1.djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
443 e
45
LA RÉPUBLIQUE IV

jours et nomme juste et belle l’action qui maintient et contribue à réaliser cet état d’âme et qu’il tient pour sagesse la science qui inspire cette action ; qu’au contraire il appelle injuste l’action qui détruit cet état, 444et ignorance l’opinion qui inspire cette action.

Socrate, dit-il, rien n’est plus vrai que ce que tu dis.

Bref, repris-je, si nous affirmions que nous avons trouvé l’homme juste, l’État juste, et ce qu’est la justice en l’un et en l’autre, on ne pourrait pas dire, je crois, que nous sommes loin de la vérité.

Non, par Zeus, dit-il.

L’affirmerons-nous ?

Affirmons-le.


XVIII  Voilà qui est réglé, dis-je ; après cela, il nous reste, je crois, à examiner l’injustice[1].

Évidemment.


L’injustice est un
désaccord des trois
parties de l’âme.
b

N’est-elle pas nécessairement un désaccord de ces trois parties, une ingérence indiscrète, un empiétement des unes sur les fonctions des autres, et la révolte de certaine partie contre le tout, avec la prétention de commander dans l’âme, en dépit de toute convenance, la nature l’ayant faite pour obéir à la partie née pour commander ? C’est en cela, je crois, c’est dans le désordre et la confusion de ces parties que consistent à nos yeux l’injustice, l’intempérance, la lâcheté, l’ignorance, en un mot, tous les vices.

cTout cela en effet, c’est la même chose, dit-il.

Dès lors, repris-je, la nature des actions justes et de la justice, celle des actions injustes d’autre part n’apparaît

    l’ἐπιθυμητικόν par la νεάτη, plus haute d’une octave, et le θυμοειδές par la μέση ou quatrième. Les notes isolées d’une ἁρμονία pouvaient être appelées ὅροι parce qu’elles étaient en réalité des termes dans une proportion et dépendaient de la longueur relative de la corde.

  1. L’injustice sera étudiée à fond dans les livres VIII et IX. Platon se contente ici d’une esquisse préliminaire de l’injustice dans l’âme. Il la représente comme étant le contraire de la justice ou perfection morale.