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LA RÉPUBLIQUE VI

vérité est que c’est au malade, riche ou pauvre, d’aller frapper à la porte du médecin, cet à tout homme qui a besoin d’être dirigé, à la porte de celui qui est capable de diriger, et non au commandant de prier ses subordonnés de se laisser commander, quand réellement ils ont besoin de ses services. Mais tu ne te tromperas pas en comparant ceux qui gouvernent actuellement les États aux matelots dont nous venons de parler, et ceux que ces matelots traitent d’inutiles et de bayeurs aux nuées aux vrais pilotes.

C’est très juste, dit-il.

Pour ces raisons et dans ces conditions, il est malaisé que la meilleure profession soit en honneur auprès de ceux qui ont des professions tout opposées. dMais les attaques de beaucoup les importantes et les plus fortes que la philosophie ait à supporter lui viennent à l’occasion de ceux qui se donnent pour philosophes et qui, selon toi, font dire au détracteur de la philosophie que la plupart de ceux qui s’y appliquent sont des hommes pervers, et que les plus sages sont inutiles, ce dont je suis convenu avec toi, n’est-ce pas ?

Oui.


V  Ainsi nous venons d’expliquer pourquoi les bons philosophes sont inutiles ?

Fort bien.


Pourquoi
la plupart des
philosophes
sont pervers

Veux-tu qu’après cela nous expliquions pourquoi la plupart sont forcément pervers, et que nous essayions de montrer, esi nous pouvons, qu’ici encore la faute n’en est pas à la philosophie ?

Certainement.

Eh bien, reprenons l’entretien, en nous reportant à l’endroit où nous avons énuméré les qualités naturelles qu’on doit avoir pour devenir un philosophe honnête homme[1]. La première était, 490si tu t’en souviens, l’attachement à la vérité,

    verner », c’est-à-dire le pilotage scientifique, tel que l’entend Platon. Je confesse que cette addition « et en même temps l’art de gouverner » ne me satisfait guère, et je serais tenté d’y voir une glose qui a pénétré dans le texte.

  1. Le mot καλός τε κἀγαθός était constamment employé par Socrate et ses disciples pour exprimer leur idéal de ce que doit être un homme. En politique, il s’appliquait au parti des riches ou oligarques.