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404 d
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LA RÉPUBLIQUE

Non.

Tu n’es pas d’avis non plus qu’on prenne une jeune maîtresse corinthienne, quand on veut rester en bonne forme.

Pas du tout.

Ni qu’on s’adonne aux délices renommées de la pâtisserie attique[1] ?

Forcément non.

On pourrait, je pense, assimiler cette alimentation et ce régime en général à la mélodie et au chant où entrent tous les tons et tous les rythmes ; ene serait-ce pas juste ?

Si assurément.

Ici la variété produit le dérèglement ; là, elle engendre la maladie ; au contraire la simplicité dans la musique rend l’âme tempérante, et la simplicité dans la gymnastique rend le corps sain, n’est-il pas vrai ?

Très vrai, dit-il.

405Mais si les dérèglements et les maladies se multiplient dans un État, ne s’ouvrira-t-il pas beaucoup de tribunaux et de cliniques[2], et la chicane et la médecine ne seront-elles pas en honneur, quand les hommes libres eux-mêmes s’y appliqueront en foule et avec ardeur ?

Certainement.


XIV  Pourrais-tu trouver une marque plus sûre d’une éducation publique vicieuse et basse que le besoin de médecins et de juges habiles non seulement pour les gens du commun et les artisans, mais encore pour ceux qui se piquent d’une éducation libérale ? bNe penses-tu pas que c’est une honte et la preuve frappante d’un défaut d’éducation que d’être réduit à recourir à une justice d’emprunt, et d’établir les autres maîtres et juges de son droit, faute de justice personnelle ?

C’est la chose du monde la plus honteuse, dit-il.

  1. La pâtisserie athénienne était renommée pour sa qualité et sa variété. V. Ath. XIV cc. 51-58.
  2. Les ἰατρεῖα étaient des dispensaires et des cliniques où les médecins donnaient des consultations. Parfois on y prenait des pensionnaires, comme dans nos maisons de santé. Voir Häser, Lehrbuch d. Gesch. d. Med. i pp. 86 sqq. et Lois 646 C.