Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome VI.djvu/394

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
403 c
119
LA RÉPUBLIQUE

moins où elle devait finir ; car la musique doit aboutir à l’amour du beau.

C’est aussi mon avis, dit-il.


La gymnastique.

XIII&emsp ; Après la musique, c’est par la gymnastique[1] qu’il faut former la jeunesse.

Sans doute.

Il faut donc l’y exercer sérieusement dès l’enfance et dans le cours de la vie. dVoici, à mon avis, la méthode à suivre ; examine-la avec moi. Ce n’est pas, je crois, le corps, si bien constitué qu’il soit, qui par sa vertu rend l’âme bonne ; au contraire, c’est l’âme qui, lorsqu’elle est bonne, donne au corps, par la vertu qui lui est propre, toute la perfection dont il est capable. Que t’en semble à toi ?

La même chose qu’à toi, dit-il.

Si donc après avoir donné à l’âme les soins nécessaires, nous lui remettions la tâche de préciser les règles de la culture du corps, een nous bornant à indiquer les modèles généraux, sans nous perdre en de longs discours, ne ferions-nous pas bien ?

Tout à fait bien.

Nous avons déjà dit que les gardiens doivent se garder de l’ivresse ; un gardien a moins que tout autre le droit de s’enivrer et de ne plus savoir où il est.

Il serait en effet ridicule, dit-il, qu’un gardien eût besoin d’être gardé.

Passons à la nourriture. Nos gardiens sont des athlètes voués à une lutte importante entre toutes ; n’est-ce pas ton avis ?

Si.

404Est-ce que le régime des athlètes actuels conviendrait aux nôtres ?

Peut-être.

Mais, repris-je, c’est un régime somnolent et dangereux à la santé. Ne vois-tu pas en effet qu’ils passent leur vie à dormir et que, pour peu qu’ils s’écartent du régime qui leur est prescrit, les athlètes sont sujets à de graves et violentes maladies ?

  1. Au temps de Platon, le maître de gymnastique était en même