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LA RÉPUBLIQUE

« J’aimerais mieux labourer la terre et servir chez un autre, fût-il pauvre et réduit à une vie étroite, que de commander à tous les morts[1] » ;

et celle-ci :

d

« (Pluton eut peur) que les mortels et les immortels ne vissent à découvert les demeures effrayantes, moisies, odieuses aux dieux mêmes[2] » ;

et celle-ci encore :

« Grands dieux ! il y a encore de nous dans les demeures d’Hadès une âme et une ombre, mais elle n’a plus aucun sentiment[3] » ;

et ceci :

« Lui seul conserve le sentiment, les autres sont des ombres voltigeantes[4] ;

et puis :

« L’âme s’envola du corps et s’en alla chez Hadès, déplorant son destin et laissant la vigueur et la jeunesse[5] » ;

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et encore :

« Et l’âme, comme une fumée, s’en allait sous terre, en poussant des cris aigus[6] » ;

et encore :

« Comme des chauves-souris dans le fond d’un antre sacré, quand l’une d’elles est tombée de la file accrochée au rocher, voltigent avec des cris aigus et s’attachent les unes aux autres, ainsi elles s’en allaient ensemble en poussant des cris aigus[7]. »

bPour ces passages et tous ceux du même genre, nous prierons Homère et tous les autres poètes de ne point trouver mauvais que nous les effacions, non point qu’ils manquent de poésie et ne flattent l’oreille du peuple, mais parce que,

  1. Odyssée, XI, 489-491.
  2. Iliade, XX, 64-65.
  3. Iliade, XXIII, 103-104.
  4. Odyssée, X, 495.
  5. Iliade, XVI, 856-857.
  6. Iliade, XXIII, 100.
  7. Odyssée, XXIV, 6-9.