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INTRODUCTION

justice, la genèse de la cité, caractère des gardiens, sélection des chefs, définition des quatre vertus dans la cité et, plus brièvement, dans l’individu ; de V, féminisme et communauté des femmes, et l’exigence d’une éducation philosophique pour les gouvernants. Vingt pages Estienne pour II-IV, autant pour le Livre V, qui sera largement récrit dans la seconde édition, quelques pages sur la musique, la gymnastique et les mathématiques, pages qui seront remplacées dans la seconde édition par les Livres VI et VII. En tout, avec le Livre I, environ 70 pages Estienne. Ainsi composée, cette pré-République, nous dit son récent défenseur, supprime toutes les difficultés.

À tort ou à raison, nous croyons avoir écarté déjà trois de ces difficultés. Nous nous sommes du moins efforcé de prouver que les discordances prétendues entre le Livre I et les suivants n’existent pas, et que les appels indéniables qu’il fait à ces livres rendent au contraire son indépendance inconcevable ; que la tradition concernant les duo fere libri d’Aulu-Gelle et leur influence éventuelle sur la Cyropédie s’expliqueraient parfaitement sans l’hypothèse d’une première édition de la République ; enfin que la façon dont Platon procède pour exposer son plan de communauté des femmes ne se comprend que si cet exposé succède, tout neuf, à la comédie d’Aristophane, toute publication antérieure d’une République abrégée, ou du Livre V, ou même des Livres II-IV n’y ajoutant aucune lumière. Que répondrons-nous aux trois autres arguments ?


Le début du Timée.

À celui que l’on tire de l’entretien récapitulé au début du Timée, la Notice de ce dialogue a déjà répondu[1]. Nous y renverrons donc le lecteur. Mais, dans l’exposé de Pohlenz, cet argument est étroitement lié à celui que l’on tire du Busiris d’Isocrate. Prenons-les ainsi réunis. Le début du Timée, nous dit-on, suppose une formule de l’État platonicien différente de celle de notre République actuelle, et qui ne contenait que les régulations concrètes pour la constitution de cet État. Or, c’est exactement à une œuvre de ce caractère que nous

  1. A. Rivaud, éd.du Timée, p. 19/21 ; cf. Raeder, Platons Phil. Entw., p. 374/6 ; Ritter, Neue Unters., p. 174.