Hermogène. — Sans aucun doute.
Socrate. — Et ce sera la pensée, soit des dieux, soit des hommes, ou les deux à la fois ?
Hermogène. — Oui.
Socrate. — Ce qui a donné leur appellation (kalésan) aux objets et ce qui la leur donne (kaloun), c’est donc cette même chose, la pensée ?
Hermogène. — Apparemment.
Socrate. — Or, tout ce que produisent l’esprit et l’intelligence, voilà ce qui est à louer, tandis que le contraire est à blâmer ?
Hermogène. — Parfaitement.
Socrate. — d L’art du médecin produit des médecines, et celui du constructeur des constructions ? Comment l’entends-tu ?
Hermogène. — Comme toi, pour ma part.
Socrate. — Et alors le beau produit de belles choses ?
Hermogène. — Nécessairement.
Socrate. — Et cela, disons-nous, c’est la pensée ?
Hermogène. — Parfaitement.
Socrate. — Cette appellation, kalon (beau), est donc justement donnée à la pensée qui exécute les ouvrages auxquels nous faisons fête en les déclarant beaux[1].
Hermogène. — Apparemment.
Socrate. — Que nous reste-t-il encore en ce genre ?
Hermogène. — Les noms qui ont trait au bon et e au beau : avantageux, profitable, 417 utile, lucratif, et leurs contraires.
Socrate. — Pour sumphéron (avantageux), tu pourras sans doute, dès maintenant, en trouver toi-même l’explication à la lumière des précédents : c’est d’épistêmê (science) qu’il paraît être frère. Car il ne traduit pas autre chose que le mouvement simultané de l’âme avec les choses ; et il montre que les effets d’une telle activité tirent leurs noms — sumphé-
- ↑ Le raisonnement de Socrate est le suivant : la pensée (διάνοια) est ce qui fixe les noms ; elle est donc ce qui appelle. Or tout ce que produit la pensée est bon (ἐπαινετά, digne d’éloge) : elle produit donc de belles choses ; il est donc juste de l’appeler τὸ καλόν (le beau). Les deux participes καλέσαν (aoriste) et καλοῦν (présent) s’expliquent : Socrate, parlant de l’auteur des noms, emploie, on l’a vu, tantôt le présent, et tantôt l’aoriste (ὁ τιθέμενος, ὁ θέμενος).