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MÉNEXÈNE

sont solides et de bon aloi et s’unissent à la haine naturelle du Barbare, parce que dnous sommes purement Grecs et sans mélange de Barbares. On ne voit point de Pélops, de Cadmos, d’Égyptos, de Danaos ni tant d’autres, Barbares de nature, Grecs par la loi, partager notre vie ; nous sommes Grecs authentiques, sans alliage de sang barbare, d’où la haine sans mélange pour la gent étrangère qui est infuse à notre cité. Mais, quoi qu’il en soit, nous retombâmes dans notre isolement, pour refuser de commettre un acte honteux et sacrilège en livrant des Grecs à des Barbares. e Revenus à la même situation qui avait auparavant entraîné notre défaite, nous pûmes, grâce aux dieux, terminer la guerre mieux qu’alors : nous gardions notre flotte, nos murs et nos propres colonies à l’issue des hostilités, tant les ennemis eux-mêmes étaient heureux d’en avoir fini ! Pourtant nous perdîmes encore des braves dans cette guerre, victimes à Corinthe des difficultés du terrain et de la trahison à Léchaeon[1]. C’étaient aussi des braves, 246 ceux qui délivrèrent le Grand Roi et chassèrent de la mer les Lacédémoniens : je les rappelle à votre souvenir ; à vous d’unir vos louanges aux miennes et de glorifier de tels héros.


Conseils aux vivants.

Voilà les exploits des hommes qui reposent ici, et des autres qui sont tombés pour la défense de notre cité. Nombreux et glorieux sont ceux dont j’ai parlé ; plus nombreux encore et plus glorieux ceux qui restent encore : bien b des jours et des nuits ne suffiraient pas à en achever l’énumération. En souvenir d’eux, chacun doit faire passer à leurs descendants, comme à la guerre, l’ordre de ne pas déserter le poste des ancêtres[2] et de ne pas battre en retraite en cédant à la lâcheté. Pour ma part, ô fils de braves, je vous fais

  1. Voir Xénophon, Helléniques, IV, 4, 7 sq. ; Diodore de Sicile, XIV, 86. En 393, les partisans de Sparte furent massacrés à Corinthe, ou expulsés de la ville par les Argiens. Tandis que les Athéniens et les Béotiens venaient soutenir les Argiens, les bannis se réfugièrent auprès du Lacédémonien Praxitas, campé à Sicyone, et l’introduisirent pendant la nuit à Léchaeon, port de Corinthe. Le lendemain, l’assaut des Béotiens, des Corinthiens, des Argiens, et des Athéniens commandés par Iphicrate, fut victorieusement repoussé par Praxitas.
  2. Renoncer au rôle traditionnel d’Athènes, qui a toujours soutenu la liberté et défendu la Grèce contre les Barbares, est assimilé