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PHÉDON

qui coule en un torrent que précède une rivière de boue. La théorie des volcans est donc une spécification de la doctrine hydrographique générale : le feu de leurs éruptions n’est que de l’eau transformée par son passage sur un sol embrasé. Enfin, après avoir multiplié dans la terre les spirales dans lesquelles, avant de rejoindre le Tartare, il éteint son ardeur ou dépose ses boues en alluvions, il vient s’y jeter plus bas que tous les autres fleuves et, comme l’exige la théorie, en n’y rapportant que de l’eau.

Aux caractères de ce dernier fleuve s’opposent ceux du quatrième, le Cocyte : c’est en effet, semble-t-il, le fleuve froid par excellence. D’autre part c’est, comme les deux précédents, un fleuve infernal. Le Pyriphlégéthon partait du Tartare à mi-route entre l’Achéron et l’Océan, dont les sources sont aux deux pôles d’un diamètre du noyau du Tartare ; à son tour le Cocyte, faisant face au Pyriphlégéthon, doit avoir sa source à mi-distance de l’Achéron et de l’Océan, mais sur l’autre pôle d’un diamètre perpendiculaire au précédent. De même son embouchure est à l’inverse de celle du Pyriphlégéthon et probablement, comme la sienne, très près du centre. Semblablement enfin c’est un fleuve à circuits nombreux, mais dont la direction est inverse. L’un de ces circuits le conduit comme le précédent au voisinage du lac Achérousias, mais du côté opposé et, cette fois encore, sans que les eaux communiquent. La région de feu dans laquelle presque tout de suite au sortir du Tartare entrait le Pyriphlégéthon était certainement une région intérieure, puisqu’il crache ensuite au dehors une partie de ce que charrie son cours ; sa mer aussi était souterraine. Il semble au contraire que la Région Stygienne, à laquelle parvient tout d’abord le Cocyte, ainsi que le Lac Styx où il épand ensuite ses eaux, soient aux yeux de Platon des lieux superficiels. Car c’est seulement ensuite qu’il s’enfonce sous la terre (113 c) et qu’il y commence les multiples circuits qui le ramèneront au Tartare. D’un autre côté, tandis que la région où se transformait le Pyriphlégéthon était une région brûlante, celle où se glacent les eaux du Cocyte est un pays sauvage et terrible, sur lequel est répandue une coloration bleuâtre qui fait penser aux terres septentrionales.

III. Mais cette exposition, on l’a vu (p. lxvi), n’a pas sa fin en elle-même. Ce que sont toutes les choses dont elle