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NOTICE

113 c) ; 3o  une détermination du rapport qui lie tout cela à la destinée des âmes après la mort (113 d-114 c).

I. Platon pose tout d’abord, comme des données cosmologiques qu’il faut accepter, la sphéricité de la terre, sa position centrale dans l’univers et son immobilité. Cette dernière résulte, non de l’existence de quelque support extérieur tel que serait l’air d’Anaximène[1] (ou l’eau de Thalès), mais de ce que dans l’univers tout est, autour d’elle, égal de tous côtés : sollicitée en tous sens par des forces égales, elle doit rester en équilibre (108 e-109 a).

La terre que nous habitons, nous ou d’autres hommes pareils à nous, n’est pas la totalité de la terre ; celle-ci est en réalité un très grand corps[2] et qui comprend trois parties ou, si l’on veut, trois terres concentriques ; l’une qui est au-dessus de celle que nous habitons, nous et d’autres hommes, la troisième au-dessous.

1o  La terre supérieure est la terre pure, le paradis terrestre. Nous ne nous apercevons pas qu’elle existe, parce que notre situation est celle d’un homme qui, placé à mi-hauteur entre le fond de la mer[3] et sa surface, s’imaginerait avoir atteint celle-ci quoiqu’il soit incapable de s’élever au-dessus ; pour cet homme le ciel serait la partie de la mer qui le sépare de la surface. De même nous, nous prenons pour le vrai ciel l’air qui est au-dessus de nos têtes, parce que c’est dans cet air que nous voyons se mouvoir les astres ; nous croyons donc être à la surface de la terre, tandis que cette surface est au-dessus de nous. Si nous pouvions nous y élever, nous nous rendrions compte que les astres se meuvent, non pas dans l’air, mais dans l’éther. Pour la terre supérieure, l’éther est donc l’équivalent de notre air, et l’air, l’équivalent de notre eau : eau, air, éther forment une hiérarchie ascendante ; le vrai ciel l’emporte sur la terre supérieure d’autant que celle-ci

  1. C’était aussi la théorie d’Anaxagore et de Démocrite.
  2. Qui d’ailleurs, relativement à l’ensemble de l’univers, peut être très petit ; ce qui était l’opinion d’Archélaüs (Vors.³, ch. 47, A 4, § 3, p. 411, 34).
  3. L’expression de Platon, 109 c 5, signifie exactement : « au milieu du fond de la mer ». Mais toute la suite impose, semble-t-il, le sens qui a été adopté.