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PHÉDON

Simmias, je ne suis pas à même de te renseigner ; mais, évidemment, c’est à peu près ce que dirait un partisan de cette doctrine. — Il y a cependant, reprit Socrate, d une chose sur laquelle l’accord s’est fait précédemment, c’est qu’une âme n’est en rien plus ou moins âme qu’une autre. Et ce qui constitue l’objet de cet accord, c’est qu’il n’y a rien de plus grand ou de plus étendu, ni rien de plus faible ou de moins étendu dans une harmonie que dans une autre ; n’est-ce pas cela ? — Hé ! absolument. — Et, en tout cas, que l’harmonie, puisqu’elle n’est pas plus ou moins harmonie, n’est ni plus grandement ni plus faiblement harmonisée ; en est-il ainsi ? — Il en est ainsi. — Or l’harmonie, dont l’harmonisation ne comporte ni plus ni moins, y a-t-il moyen qu’elle participe plus largement ou moins largement de l’harmonie, ou bien dans la mesure même de l’harmonisation ? — Dans cette mesure même. — N’en faut-il pas conclure que, dans une âme, du moment qu’elle n’est en rien par rapport à une autre, plus ou moins, ceci précisément e savoir une âme, il n’y a pas non plus d’harmonisation supérieure ou inférieure ? — C’est juste ! — Et en tout cas qu’elle ne pourra, dans ces conditions, participer en rien plus largement de l’absence d’harmonie ou de l’harmonie ? — Non, bien sûr ! — Or est-ce que, dans ces conditions encore, une âme pourra avoir, plus largement qu’une autre, part au vice ou à la vertu, s’il est vrai que le vice soit une absence d’harmonie, et la vertu, une harmonie ? — Pas plus largement du tout ! — Mais il y a mieux encore, Simmias, et sans doute, à suivre tout droit le raisonnement, 94 nulle âme n’aura part au vice, s’il est vrai que l’âme soit une harmonie ! Une harmonie en effet, c’est assez clair, du fait qu’elle est pleinement cela même, savoir une harmonie, ne pourra jamais avoir part à l’absence d’harmonie. — Non vraiment ! — Aussi bien n’est-ce pas moins clair pour une âme, du fait qu’elle est pleinement une âme, par rapport au vice. — Comment en effet serait-ce possible, au moins d’après nos prémisses ? — C’est donc que, d’après ce raisonnement, nous devrons penser que les âmes de tous les vivants sont toutes semblablement bonnes, s’il est vrai que la nature des âmes soit semblablement d’être cela même, savoir des âmes ? — Oui, Socrate, dit-il, c’est bien mon avis. — Est-ce aussi ton avis, repartit Socrate, que ce soit