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LETTRE II.

mais la vérité. Cependant, un jour que nous nous promenions dans tes jardins, à l’ombre des lauriers, [313b] tu me dis que tu avais résolu ce problème sans le secours de personne. Je te répondis que si tu étais bien sûr de ce que tu avançais, ce serait m’épargner beaucoup de peines et de paroles. J’ajoutai que je n’avais jamais rencontré personne qui eût fait la même découverte, et que pour moi, elle m’avait coûté de longues et pénibles recherches. Peut-être as-tu entendu raisonner sur cette matière, et c’est de là que seront heureusement venues tes premières idées. Tu ne me donnais aucune preuve démonstrative, comme tu aurais fait si tu avais été bien sûr de toi, mais tu te laissais entraîner de côté et d’autres au gré [313c] de ton imagination. Ce n’est pas ainsi qu’on vide une question de cette importance. Au reste, tu n’es pas le seul à qui pareille chose soit arrivée. Tous ceux qui m’ont entendu pour la première fois ont éprouvé de la difficulté, les uns plus, les autres moins ; mais il n’y en a presque aucun à qui cette étude n’ait coûté de la peine. Cela étant, je crois avoir trouvé la réponse à ta demande relativement à la conduite que nous devons tenir l’un envers l’autre. Examine bien, en conférant avec d’autres personnes, mon opinion en elle-même et [313d] comparée aux autres opinions ; et si tu ne t’es laissé guider que par la raison dans cet examen, tu seras nécessairement de mon avis. Comment n’en serait-il pas ainsi sur ce point et sur tout ce que nous avons dit ? Tu as très bien fait dans cette occasion de m’envoyer Archidème. Quand à son retour il t’aura rendu compte de mes réponses, il s’élèvera peut-être de nouveaux doutes dans ton esprit. Si tu m’en crois, tu me le renverras, et il ne retournera près de toi qu’avec de bonnes emplettes ; et quand il aura fait deux ou trois