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ment que si σύνεσις, compréhension, a de l’analogie avec συλλόγισμος, raisonnement qui unit des propositions, cependant le verbe συνιέναι, comprendre, exprime la même chose que ἐπίστασθαι, savoir ; car συνιέναι indique le mouvement de l’âme accompagnant les choses dans leur cours, Σοφία sagesse, est encore un mot qui indique l’action d’atteindre le mouvement. Ceci, j’en conviens, a quelque chose de plus obscur et de plus étrange ; mais souvenons-nous d’abord que les poètes, pour exprimer qu’une chose se met en mouvement avec rapidité, se servent du mot ἐσύθη. Il y a eu un personnage célèbre de Lacédémone qui s’appelait Σοῦς[1] c’est-à-dire, prompt ; car c’est le mot dont on se sert à Sparte pour exprimer un élan rapide, Σοφία équivaut donc à σόος ἐπαφή, l’action d’atteindre le mouvement, ce qui se rapporte encore à l’idée du mouvement universel. Le mot ἀγαθόν, bon, revient à ἀγαστόν, tout ce qui est admirable dans le monde. Or, en admettant le mouvement perpétuel des choses, il faut admettre aussi qu’il y a entre elles des différences de lenteur et de célérité. Tout n’est pas par conséquent rapide et prompt ;

  1. Socrate prononce Sous, à la manière attique. Mais les Lacédémomens disaient Soos, peut-être même Sofos, à cause de l'aspiration éolique, ce qui se rapproche beaucoup de Sophos, sage, Ce Soos fut un roi de Sparte.