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SUR LE PARMÉNIDE.

nous était plus connue, il est vraisemblable que nous y trouverions les germes imparfaits, mais féconds, de cette théorie. Voyez le Sophiste, t. XI, p. 252-253, et la note, p. 417.

Ibid. — Mais, Parménide, reprit Socrate, peut-être chacune de ces idées n’est-elle qu’une pensée qui ne peut exister ailleurs que dans l’âme ? Bekker, p. 14 : Ἀλλὰ, φάναι, ὦ Παρμενίδη, τὸν Σωϰράτη, μὴ τῶν εἰδῶν ἕϰαστον ᾖ τούτων νόημα, ϰαὶ οὐδαμοῦ αὐτῷ προσήϰη ἐγγιγνεσθαι ἄλλοθι ἢ ἐν ψυχαῖς.

Voilà le conceptualisme. Il remonte donc au temps même de Platon ; Aristote n’a fait que le recueillir. C’était une des grandes solutions du problème de la connaissance qui avaient cours dans les écoles grecques ; Porphyre la rappelle expressément : εἴτε ϰαὶ ἐν μόναις ψιλαῖς ἐπινοίαις ϰεῖται ; et Proclus, au <span class="romain" title="Nombre v écrit en chiffres romains">ve siècle, l’examine avec un soin qui nous apprend qu’elle était très-répandue. On la voit paraître ici sur la scène pour la première fois.

Si nous suivions ainsi pas à pas le Parménide, nous reconnaîtrions dans les diverses objections que Parménide présente successivement contre la théorie des idées, toutes celles qui, dans la philosophie moderne, ont été faites contre l’idéalisme ; nous n’en signalerons plus qu’une seule. Dès qu’on entre dans la