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TIMÉE DE LOCRES.

Tels sont les maux auxquels le corps est sujet ; ils sont aussi la source de la plupart des maladies de l’âme, qui diffèrent selon les diverses facultés : la sensibilité s’émousse ; la mémoire fait place à l’oubli ; à l’appétit succèdent l’indifférence et le dégoût ; le courage se change en fureur et frénésie, et la raison en ignorance et en folie. Les germes de tous les vices sont le plaisir et la douleur, le désir et la crainte. Partant du corps et pénétrant jusqu’à l’âme, ils portent différents noms : amours, désirs, ardeurs effrénées, violentes colères, emportements redoutables, insatiables besoins, plaisirs déréglés. En général, le désordre dans les passions est la fin de la vertu et le commencement du vice : l’emporter sur elles ou se laisser vaincre par elles, voilà le vice ou la vertu. Souvent nos appétits augmentent de violence parce que les éléments qui se mélangent en nous deviennent aigus ou chauds, ou se modifient de quelque autre façon, et nous excitent à la mélancolie ou à des ardeurs lubriques. Les humeurs, en se portant vers certaines parties, y causent des irritations, et nous donnent l’aspect de la maladie plutôt que celui de la santé, parce que cet état est accompagné d’anxiété, d’oubli, d’égarement et de terreurs subites.

Les mœurs publiques et privées et la façon de se nourrir chaque jour peuvent amollir ou