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TIMÉE.

même une foule de maux. Il faut admettre que la même chose a lieu pour cet être formé d’une âme et d’un corps, que nous appelons un animal. Si au dedans de lui règne une âme plus puissante [88a] que le corps, elle excite dans tout le corps une agitation intérieure et le remplit de maladies. Se livre-t-elle avec ardeur à ses études et à ses recherches, elle le mine ; s’engage-t-elle dans les discussions et les combats de paroles en public ou en particulier, avec ces luttes et ces controverses elle l’embrase et le consume, occasionne des catarrhes et trompe la plupart de ceux qu’on appelle des médecins, en leur faisant assigner à ces effets des causes contraires à la véritable. Si c’est le corps qui est supérieur à la faible et débile pensée à laquelle il est uni, comme il y a dans les hommes une double [88b] tendance, celle du corps pour les aliments et celle de la partie la plus divine de nous-mêmes pour la sagesse, l’effort du plus puissant des deux paralyse celui de l’autre, il augmente la part d’action qui lui appartient, rend l’esprit hébété, incapable de culture, le prive de mémoire, et lui cause la plus grande des maladies, l’ignorance. Contre ce double mal, il n’y a qu’un moyen de salut, ne pas exercer l’âme sans le corps ni le corps sans l’âme, afin que se défendant l’un contre l’autre ils maintiennent l’é-