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TIMÉE.

en attirant chacune d’elles vers ce qui est de même nature ; et au dedans de nous, les parties de notre sang divisées et réduites sont obligées, comme tout ce qui est animé sous [81b] le ciel, de suivre l’impulsion commune à tout l’univers : tout ce qui est mis en parties au dedans de nous tend aussitôt vers son semblable, et remplit ainsi ce qui est devenu vide. Quand il s’échappe plus de parties qu’il n’en revient, l’individu dépérit ; quand il s’en échappe moins, il augmente. Tout animal nouvellement formé, ayant encore des triangles neufs et de l’espèce primitive qui sert comme de base aux autres, retient tous ces éléments dans une union puissante ; toute sa masse [81c] est tendre, étant récemment sortie de la moelle et nourrie de lait. Quand il s’assimile les triangles qui lui viennent du dehors, ceux dont ses aliments et ses breuvages se composent ; comme ces triangles sont plus vieux et plus faibles que les siens propres, il l’emporte sur eux, les dissout au moyen de ses triangles neufs, et l’animal grandit en se nourrissant de beaucoup d’éléments semblables aux siens. Mais quand les triangles primitifs perdent leur force à cause des luttes nombreuses qu’ils ont soutenues longtemps contre beaucoup d’autres triangles, [81d] ils ne peuvent plus diviser et transformer à leur image les triangles que la nourriture contient : au con-