dans le feu et dans l’air, et qu’il était à craindre que, consumé ou dissous par eux, il ne vînt à périr, les dieux lui préparèrent une ressource. Ils font naître une espèce d’êtres de la même nature que l’espèce humaine, mais avec d’autres formes et d’autres sens, de manière à en faire un animal différent. Ce sont les arbres domestiques, les plantes, les semences que l’agriculture élève et nous apprivoise ; car auparavant il n’y avait [77b] que les espèces sauvages, plus anciennes que les espèces domestiques. Nous appelons les plantes des animaux, car on peut à bon droit donner ce nom à tout ce qui est animé. L’être dont nous parlons participe de la troisième espèce d’âme, celle dont nous avons marqué la place entre le diaphragme et le nombril, dans laquelle il n’y a ni opinion ni raisonnement ni intelligence, mais la seule sensation, agréable et désagréable, et les passions qui l’accompagnent. Cet être éprouve sans cesse toutes ces impressions ; mais comme il tourne sur lui-même sans changer de place, qu’il n’admet [77c] aucun mouvement étranger et ne suit que le sien propre, il ne lui a pas été donné de réfléchir et de rien connaître à sa propre nature. Il vit donc, sans différer d’un autre animal, immobile et enraciné dans le sol, parce qu’il est privé du pouvoir de se transporter lui-même d’un lieu à un autre.
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