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TIMÉE.

navigable par la quantité de limon que l’île abîmée a laissé à sa place.

Voilà, Socrate, en peu de mots, le récit que le vieux [25e] Critias tenait de Solon. Hier, quand tu parlais de ta république et des citoyens qui doivent la composer, je m’étonnais, en me rappelant ce que je viens de vous dire, du rapport merveilleux qui se trouvait entre tes paroles et la plupart de celles de Solon, par hasard et à son insu. Je n’ai pas [26a] voulu vous en parler sur-le-champ, parce que le temps ne m’en avait laissé qu’une idée confuse. Je pensais qu’il fallait auparavant me recueillir et mettre en ordre tous mes souvenirs, et je consentis sans peine à faire ce que tu m’avais commandé hier, croyant pouvoir vous fournir, ce qui est de la plus haute importance, un sujet convenable et qui se rattache à votre plan. C’est ainsi qu’hier, comme Hermocrate l’a déjà dit, je leur ai raconté, en m’en allant, [26b] ce dont je me souvenais. Après m’être retiré, j’y ai encore pensé toute la nuit et j’ai retrouvé tout le fil de mon histoire ; tant il est vrai que nous avons une mémoire étonnante pour tout ce que nous avons appris dans notre jeunesse ! J’ignore si je me souviendrais de tout ce j’ai entendu hier, mais je m’étonnerais fort si j’avais oublié ce que j’ai appris il y a si longtemps. J’apprenais alors avec plaisir, [26c] comme un enfant, et le vieillard