même, il ne l’est pas lui-même ; n’étant donc lui-même autre en aucune façon, il ne sera autre [139d] que rien. — Fort bien. — Et il ne sera pas non plus le même que lui-même. — Comment ? — Parce que la nature de l’un n’est pas celle du même. — Eh bien ! — Parce que ce qui est devenu le même qu’un autre ne devient pas pour cela un. — Comment ? — Ce qui est devenu le même que plusieurs choses, doit être plusieurs et non pas un. — C’est vrai. — Mais si l’un et le même ne différaient en rien, toutes les fois qu’une chose deviendrait la même, elle deviendrait une, et ce qui deviendrait un deviendrait toujours le même. [139e] — C’est cela. — Si donc l’un est le même que lui-même, il ne sera pas un avec lui-même ; de sorte que, tout en étant un, il ne sera pas un. — Mais cela est impossible. — Donc il est impossible que l’un soit ni autre qu’un autre, ni le même que soi-même. — Impossible. — Ainsi l’un ne peut être ni autre, ni le même, ni qu’aucune autre chose ni que soi-même. — Non. — Mais l’un ne sera pas non plus semblable ni dissemblable ni à lui-même ni à un autre. — Comment ? — Parce que le semblable participe en quelque manière du même. — Oui. — Or, nous avons vu que le même est étranger par nature à l’un. [140a] — Nous l’avons vu. — Mais si l’un participait encore à une autre
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PARMÉNIDE.