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PARMÉNIDE.

non sur des objets visibles, mais sur les choses que l’on saisit par la pensée seule, et qu’on peut regarder comme des idées. — C’est qu’en effet il me semble que dans le premier point de vue il n’est pas difficile de démontrer que les mêmes choses sont semblables et dissemblables, et susceptibles de tous les contraires. — Très bien, répondit Parménide. Cependant, pour te mieux exercer encore, il ne faut pas te contenter de supposer l’existence de quelqu’une de ces idées dont tu parles, et d’examiner [136a] les conséquences de cette hypothèse ; il faut supposer aussi la non-existence de cette même idée. — Que veux-tu dire ? — Par exemple, si tu veux reprendre l’hypothèse d’où partait Zénon, celle de l’existence de la pluralité, et examiner ce qui doit arriver tant à la pluralité elle-même relativement à elle-même et à l’unité, qu’à l’unité relativement à elle-même et à la pluralité ; de même aussi il te faudra considérer, ce qui arriverait s’il n’y avait point de pluralité ; à l’unité et à la pluralité, chacune relativement à elle-même [136b] et relativement à son contraire. Tu pourras pareillement supposer tour à tour l’existence et la non-existence de la ressemblance, et examiner ce qui doit arriver dans l’une et l’autre hypothèse, tant aux idées que tu auras supposées être ou ne pas être, qu’aux autres idées,