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PARMÉNIDE.

avis. — Mais, cependant, reprit Parménide, si en considérant tout ce que nous venons de dire et tout ce que l’on pourrait dire encore, on venait à nier qu’il y eût des idées des êtres, et qu’on se refusât à en assigner une à chacun d’eux, on ne saurait plus où tourner sa pensée, [135c] lorsqu’on n’aurait plus pour chaque être une idée subsistant toujours la même, et, par là, on rendrait le discours absolument impossible. Il me semble que tu comprends très bien cela. — Tu dis vrai, repartit Socrate. — Quel parti prendras-tu donc au sujet de la philosophie ? et de quel côté te tourneras-tu, dans cette incertitude ? — Je ne le vois point pour l’heure. — C’est que tu entreprends, Socrate, de définir le beau, le juste, le bon [135d] et les autres idées avant d’être suffisamment exercé. Je m’en suis déjà aperçu dernièrement, lorsque je t’ai entendu t’entretenir avec Aristote, que voici. Elle est belle et divine, sache-le bien, cette ardeur qui t’anime pour les discussions philosophiques. Mais essaie tes forces et exerce-toi, tandis que tu es jeune encore, à ce qui semble inutile et paraît au vulgaire un pur verbiage ; sans quoi la vérité t’échappera. — Et en quoi consiste donc cet exercice, Parménide ? — Zénon t’en a donné l’exemple ; [135e] seulement j’ai été charmé de t’entendre lui dire que tu voudrais voir la discussion porter