que toi ; seulement il s’exprime en d’autres termes, et cherche à nous persuader qu’il nous dit quelque chose de différent. Toi, tu avances dans tes poëmes[1] que tout est [128b] un, et tu en apportes de belles et de bonnes preuves ; lui, il prétend qu’il n’y a pas de pluralité, et de cela aussi il donne des preuves très nombreuses et très fortes. De la sorte, en disant, l’un que tout est un, l’autre qu’il n’y a pas de pluralité, vous avez l’air de soutenir chacun de votre côté des choses toutes différentes, tandis que vous ne dites guère que la même chose, et vous croyez nous avoir fait prendre le change à nous autres ignorants. — Tu as raison, Socrate, répondit Zénon ; cependant tu n’as pas tout-à-fait saisi le vrai sens de mon livre, quoique tu saches très bien, [128c] comme les chiennes de Laconie[2], suivre la piste du discours. Ce que tu n’as pas compris, d’abord, c’est que je ne mets pas à cet ouvrage tant d’importance, et qu’en’écrivant ce que tu dis que j’ai eu en pensée, je n’en fais pas mystère, comme si je faisais là quelque chose de
- ↑ Voyez Arist. Met. I. 5. III. 4. Phys. i 3. Simpl. in Arist. Phys., p. 17 et 31. Sur la question de savoir si Parménide avait composé des poëmes ou un seul poëme, voyez Fülleborn, Beyt., VII, p. 16.
- ↑ Arist. de gener. animal., V. Cf. Meursius, Miscell. lacon. III. i.