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ères, et en les mêlant ensemble là où il faut plusieurs chefs. En effet, les chefs chez lesquels domine la modération, sont extrêmement prudens, justes, conservateurs ; mais ils manquent d’énergie et de la décision nécessaire à l’action.

LE J. SOCRATE.

Cela paraît aussi très vrai.

L'ÉTRANGER.

Le caractère fort est inférieur, du côté de la justice et de la prudence ; mais pour ce qui est de l’action, il l’emporte de beaucoup. Il n’est pas possible que tout aille bien dans une cité pour l’État et pour chaque citoyen, si ces deux caractères ne s’y trouvent réunis.

LE J. SOCRATE.

Évidemment.

L'ÉTRANGER.

Disons donc que le but de l’action du Politique, qui est le croisement des caractères forts et des caractères modérés dans un habile tissu, est atteint, quand l’art royal les unissant par les liens de l’amitié et des opinions communes, après avoir ainsi formé le plus magnifique et le meilleur des tissus, et embrassé de ses nœuds tout ce qui se trouve dans l’État d’hommes libres ou d’esclaves, commande et gouverne, sans rien négliger de ce qui peut contribuer à la félicité publique.