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et Hector signifient à peu près la même chose, et semblent tous deux des noms de rois. En effet, ce dont un homme est le chef, ἄναξ, il en est aussi le maître, ἕκτωρ ; car il est clair qu’il le gouverne, qu’il le possède, qu’il l’a, ἔχει. Penses-tu que j’aie tort, et m’abuserais-je en croyant avoir trouvé quelque trace de la pensée d’Homère sur la propriété des noms ?

HERMOGÈNE.

Par ma foi, il me semble que tu n’en es pas loin.

SOCRATE.

Il est juste en effet, ce me semble, d’appeler lion la progéniture du lion, et cheval celle du cheval. Bien entendu qu’il ne s’agit point des cas monstrueux, comme si par exemple il provenait d’un cheval autre chose qu’un cheval, mais du cours ordinaire de la reproduction des races. Qu’un cheval produise contre nature ce qui serait naturellement le produit d’un taureau, il faudra l’appeler un veau, et non pas un poulain. De même pour la race humaine, le nom d’homme ne convient à la progéniture d’un homme qu’autant qu’elle est conforme à son espèce. De même aussi pour les plantes et pour toutes les autres choses. N’es-tu pas de cet avis ?

HERMOGÈNE.

Tout-à-fait.