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aussi passe-t-il pour sage. Mais comme tu ne possèdes rien du patrimoine de ta famille, je te conseille de cajoler ton frère, et de faire en sorte par tes instances, qu’il t’enseigne cette propriété des noms dont il a dû être instruit par Protagoras.

HERMOGÈNE.

La démarche serait étrange de ma part, Socrate, si moi qui n’admets point du tout la vérité de Protagoras[1], je faisais le moindre cas des conséquences qu’on peut en avoir tirées.

SOCRATE.

Si ce moyen ne te convient pas, il faut nous instruire auprès d’Homère et des autres poètes.

HERMOGÈNE.

Et que dit Homère de la propriété des noms ? Où en parle-t-il ?

SOCRATE.

En maint endroit : mais les principaux et les plus beaux sont ceux où il distingue pour une même chose, le nom dont se servent les hommes et celui dont se servent les dieux. Est-ce que tu ne trouves pas qu’Homère nous dit là quelque chose de grand et de merveilleux sur la propriété des noms ? Car il est clair que les dieux doivent

  1. Protagoras avait publié sa doctrine dans un livre intitulé La Vérité. Voyez le Théétète, trad. fr., t. II, p. 92.