Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/260

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


THÉÉTÈTE.

Eh bien! allons trouver aussi ces derniers.

L’ÉTRANGER.

En vérité, il y a entre eux comme une espèce de gigantomachie, tant ils sont peu d’accord dans leurs idées sur l’être.

THÉÉTÈTE.

Comment cela ?

L’ÉTRANGER.

Les uns[1] rabaissent à la terre toutes les choses du ciel et de l’ordre invisible, et ne savent qu’embrasser grossièrement de leurs mains les pierres et les arbres qu’ils rencontrent. Attachés à tous ces objets, ils nient qu’il y ait rien autre que ce que les sens peuvent atteindre. Le corps et l’être sont pour eux une seule et même chose. Ceux qui viennent leur dire qu’il y a quelque chose qui n’a point de corps, excitent leur mépris, et ils n’en veulent pas entendre davantage.

THÉÉTÈTE.

Tu parles là de terribles gens, avec lesquels j’ai eu maintes fois occasion de me rencontrer.

L’ÉTRANGER.

Aussi leurs adversaires s’en vont-ils avec raison, pour les combattre, chercher dans une ré-

  1. Les physiciens de l’école ionienne, et surtout l’école atomistique.