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comme à des enfants. L’un nous présente les êtres au nombre de trois, se faisant de temps en temps la guerre; d’autres fois, redevenus amis, se mariant, engendrant, nourrissant les fruits de leurs unions[1]. Un autre[2] n’en compte que deux, le sec et l’humide, ou bien le chaud et le froid, et il les marie et les met en ménage. Nos Éléates, à partir de Xénophane et même de plus loin, arrangent leur fable en réduisant à un seul être ce qu’on appelle l’univers. Plus tard des Muses d’Ionie et de Sicile[3] ont pensé qu’il serait plus sûr de combiner les deux opinions, et de dire que l’être est à la fois un et multiple, et qu’il se maintient par la haine et par l’amitié ; car tout se sépare et se réunit sans cesse, disent celles de ces Muses qui chantent sur le ton le plus hardi ; celles qui le prennent sur un ton plus doux, ne prétendent plus que les choses soient toujours ainsi, mais que tantôt l’univers est un et en bonne harmonie, par l’influence de Vénus, et tantôt, par celle de la discorde, multiple et en guerre avec lui-même. Que tout cela soit vrai

  1. Schleiermacher (Einl, p. 142) pense que ceci se rapporte à quelque philosophe de l'école ionienne.
  2. Probablement Archelaüs, disciple d'Anaxagoras. Diog, II, 16. Plut, de plac. philos., II, 25.
  3. Héraclite et Empédocle. Simplic., in Aristot. phys., I, p. 11.