la langue, quelque chose de très convenable à l’imitation de ce qui lie ou arrête, δεσμός, στάσις. Ayant observé que dans l’articulation du λ la langue glisse, il en a formé par imitation les mots λεῖον, lisse, ὀλισθαίνεινν, glisser, λιπαρόν, luisant d’embonpoint, κολλῶδες, gluant, et une foule d’autres. Le γ ayant la propriété d’arrêter ce mouvement de la langue, il l’a fait servir, réuni au λ, à l’imitation des choses visqueuses, douces, collantes, γλίσχρον, γλυκύ, γλοιῶδες. A l’égard du v, remarquant que cette lettre retient la voix à l’intérieur, il en a fait, en imitant l’idée par le son, l’intérieur, le dedans, ἔνδον, ἐντός. Il a mis un α dans le mot μέγας, grand, et un η dans le mot μῆκος, longueur, parce que ce sont deux grands sons. Pour στρογγύλον, rond, il avait besoin de la lettre o ; aussi l’y a-t-il fait dominer. Partout il a accommodé à la nature des différents êtres les lettres et les syllabes des noms qu’il leur donnait, et dont il formait ensuite d’autres noms, toujours par imitation.
Voilà, Hermogène, en quoi consiste, à ce qu’il me semble, la propriété des noms ; si toutefois Cratyle, qui nous écoute, n’est pas d’un autre avis.
Véritablement, Socrate, Cratyle m’a cent fois mis à la torture, comme je te le disais tout à