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DU JUSTE.
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Socr. Pour juger les choses légères et les lourdes, il faut une balance ?

L’ami. Oui.

Socr. Et avec la balance un art ; n’est-ce pas l’art de peser ?

L’ami. Sans doute.

Socr. Comment discernons-nous le plus et le moins ? N’est-ce pas par le nombre ?

L’ami. Oui.

Socr. Et avec le nombre ne faut-il pas un art, et cet art n’est-il pas l’arithmétique ?

L’ami. Sans contredit.

Socr. Eh bien ! quel est le moyen de discerner le juste et l’injuste, et quel art faut-il posséder pour se servir de ce moyen ? Ces exemples ne suffisent-ils pas pour t’éclairer ?

L’ami. Non.

Socr. Continuons donc : quand nous disputons sur le plus grand et le plus petit, qui prenons-nous pour juges ? N’est-ce pas les arpenteurs ?

L’ami. Oui.

Socr. Quand il s’agit du plus ou du moins, n’avons-nous pas recours aux arithméticiens ?

L’ami. Comment ferait-on autrement ?

Socr. Eh bien ! quand nous disputons entre nous sur le juste et l’injuste, vers qui allons-nous ? Qui sont ceux qui décident entre nous ? Dis-moi ?

L’ami. Est-ce que tu veux parler des juges, Socrate ?

Socr. Tu l’as dit : tâche encore de me répondre à ceci : comment les arpenteurs discernent-ils le grand et le petit ? N’est-ce pas en mesurant ?

L’ami. Oui.

Socr. Ne décide-t-on pas sur le lourd et le léger en pesant ?