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LETTRE XIII.

[361a] Quant aux objets que tu m’as recommandé de t’envoyer, j’ai acheté l’Apollon : c’est l’ouvrage d’un jeune artiste de mérite, nommé Léocharès. Leptines te le portera. J’ai fait acquisition aussi d’un autre morceau du même sculpteur qui m’a semblé parfait. Je le destine à ta femme pour tous les soins qu’elle m’a donnés en état de santé ou de maladie, avec une bonté digne de toi et de moi. Tu lui offriras ce présent, si cela te convient. Je t’envoie aussi pour tes enfants douze amphores de vin doux et deux de miel. [361b] Pour les figues, je suis arrivé trop tard ; les fruits recueillis sont déjà gâtés ; une autre fois je prendrai mieux mes mesures. Leptines te parlera aussi des arbres.

J’ai pris chez Leptines l’argent dont j’ai eu besoin pour l’acquisition de ces objets et pour les droits d’entrée, en alléguant, ce qui me parut convenable, et qui est très vrai, que j’ai dépensé du mien pour le vaisseau de Leucadie près de seize mines. J’ai employé cet argent en partie pour moi, en partie [361c] pour payer ce que je t’envoie. Puisque je te parle de mes comptes, voici où nous en sommes ici tous les deux. Comme je te l’ai dit autrefois, j’userai de ton argent comme j’use de celui de mes autres amis, c’est-à-dire avec la plus grande discrétion et uniquement pour ce qui me semblera indispensable, juste et honorable à moi et à celui qui me le donne. Or, voici ma position. J’ai quatre [361d] petites nièces qui ont perdu leurs mères à l’époque où je refusai la couronne que tu m’offrais[1]. L’une est maintenant en âge de se marier, la seconde est dans sa huitième année, la troisième n’a pas encore quatre ans, et la dernière n’a

  1. Il s’agit probablement d’une de ces couronnes civiques que des États étrangers décernaient quelquefois à des citoyens d’Athènes pour les honorer.