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LETTRE VII.

de son côté des garanties. Quant à son argent que je lui renverrai, il le mettra en dépôt [346c] dans le Péloponnèse et à Athènes, entre les mains de ceux que vous désignerez ; il n’en aura que les intérêts, et ne pourra toucher au fonds qu’avec votre agrément ; car je ne compte pas assez sur sa fidélité et sa justice envers moi, pour laisser à sa disposition de pareilles ressources. J’ai plus de confiance en toi et les tiens. Vois donc si ces arrangements te conviennent : tu resterais encore cette année avec moi, et, la saison venue, tu partiras [346d] avec la fortune de Dion. Quant à lui, je ne doute pas qu’il ne te soit très reconnaissant de ce service. » Je fus indigné de ces propositions ; cependant je lui dis que je voulais y réfléchir et que je lui rendrais ma réponse le lendemain. Il y consentit ; et quand je me mis à réfléchir à toute cette affaire, je me trouvai dans un grand embarras. D’abord, me disais-je, [346e] si Denys me trompe et que je m’éloigne, ne va-t-il pas écrire à Dion, lui et tous ses amis, qu’il était plein de bonne volonté, mais que j’ai refusé d’en profiter, et que je me soucie peu de ses intérêts ? Et si, d’un autre côté, il veut que je reste, sans même donner d’ordre formel aux patrons de navires [347a], il n’a qu’à leur faire entendre que je m’éloigne contre son gré, quel est le pilote qui consentira à me faire sortir de ce palais ? car, pour comble de malheur, je logeais dans les jardins mêmes qui entourent le palais, et le gardien de la porte ne m’aurait pas laissé sortir sans une autorisation expresse du roi. Si je reste encore un an, je pourrai instruire Dion de ma situation et de ma conduite ; et si Denys exécute ses promesses, je n’aurai [347b] point à me repentir de ce sacrifice, car la fortune de Dion peut bien, sans exagération, s’élever à cent talents. Mais si les choses se terminent comme elles se termineront selon toute